Les suppliciés

Les suppliciés de Tulle

La sentence portait sur 120 otages ramenée après d’âpres discussions entre les gradés SS en place et les autorités locales de la ville aidé par l’Abbé Espinasse, à 99 otages, à 99 innocents. (P 5)

Par groupes de 10, les mains liées dans le dos, les malheureux sont conduits  de force aux pieds d’échelles. C’est à coup de crosse que leur infligent les soldats SS, qu’ils sont obligés de gravir les barreaux où arrivés à bonne hauteur, un des bourreaux leur passe la corde au cou et enlève brutalement l’échelle entrainant la mort quasi immédiate.

Les pendaisons se poursuivirent, émaillées de scènes atroces, liées aux tentatives de dernière minute que quelques otages effectuèrent, sans succès, tel l’acte de vaillance et de rébellion de François Teillé qui repoussa violemment son bourreau quelques secondes avant sa pendaison programmée et se jeta dans la Corrèze, ou encore l’exemple de ces trois jeunes, qui, au début de la Rue de la Gare, voulurent prendre la fuite, mais ne purent échapper aux balles meurtrières des mitraillettes de leurs gardiens SS.

Saura-t-on jamais les idées qui traversèrent l’esprit des futurs suppliciés, au fur et à mesure que se déroulaient les supplices de leurs camarades d’infortune, exacerbant le traumatisme psychologique et physiologique du futur condamné déjà en total état de choc.

Malgré le courage qui fut le leur et auquel nous rendons hommage, il faut comprendre qu’ils n’allaient pas au supplice comme des kamikazes.

Il faut noter la justesse des sentiments exprimés par Antoine Soulier dans son ouvrage «le Drame de Tulle» qui précise: «la vérité est tout autre, plus basse, plus faible, plus humaine». Il ne faut pas dénaturer ce drame d’un après midi de juin, les martyrs de Tulle sont morts comme des êtres vivants et qui voulaient vivre».

En hommes de pensée, dictés par leur honnêteté, ils ont spontanément cru à l’argument fallacieux  et insidieux de leurs bourreaux imposant un retentissant «contrôle papiers !» Ils se sont exécutés sans ayant eu préalablement le moindre comportement d’esquive, prouvant si il y en avait encore besoin, leur exemplaire innocence.